Pour bien se reproduire, nous devons nous connaître le mieux possible. Entretien avec José Luis Cano Gil

Il y a quelques mois, nous avons trouvé un article du thérapeute José Luis Cano Gil qui remettait en question les méthodes utilisées par Supernanny, évoquant le fait qu'il s'agissait d'un simple contrôle de comportement qui ne tenait pas compte de l'affectivité. Cela nous a beaucoup plu et nous avons voulu le partager avec vous.

Mais on aimait aussi se rencontrer sur le net une approche rapprochée des enfants, et surtout parce que ces approches proviennent généralement d’environnements éducatifs et parentaux respectueux, ou des blogs de parents et de mères qui tentent de rester proches des besoins des tout-petits. Mais José Luis est un psychothérapeute adulte.

Son l'orientation est humaniste en devenir pour lui une psychothérapie dans un art et une forme d'amour, grâce à son travail, il peut aider les personnes à découvrir leurs difficultés, à les surmonter et à s’améliorer. José Luis est également écrivain. Par ses deux activités professionnelles, il entend accompagner les gens vers un plus grand bien-être.

J'ai été agréablement surpris de trouver sur votre site des références à Laura Gutman et Alice Miller, ainsi qu'à des articles consacrés à la famille. Les enfants acquièrent une importance particulière, d’une relation saine avec les parents. C'est pourquoi nous avons proposé cette interview qui, nous l'espérons, vous plaira. Peques et More.- Que pouvons-nous découvrir à l'âge adulte en regardant dans les yeux des enfants?

José Luis Cano.- Nous pouvons trouver de l'énergie, de la spontanéité, de la joie de vivre, de l'enthousiasme, de la curiosité, de la lucidité, de l'intuition, de l'amour, de la surprise et de l'émerveillement ... Mais, chez de nombreux enfants, malheureusement, nous pouvons également trouver de la tristesse, du désespoir, de l'apathie, de la colère, de la "mort intérieure" ...

P et M. - Certaines croyances sociales nous empêchent de communiquer avec les enfants de manière plus naturelle et plus étroite, n'est-ce pas? Quelles sont ces croyances? (Un exemple de ceci est de penser que les enfants sont égoïstes) .-

J.L.C.- Oui, il y en a beaucoup. Une autre d'entre elles est que les enfants sont fondamentalement des êtres "muets" ou "vides" qui n'ont pas besoin d'être entendus ou de qui il n'y a rien à apprendre, mais qui "remplissent" simplement avec nos règles et connaissances présomptives. Un autre exemple est de penser que les jeunes enfants sont des "mini-adultes" capables de comprendre et de grandir en se basant sur nos arguments rationnels et nos sermons. Ou que les enfants soient pour les adultes un "investissement" émotionnel et économique, qui devrait donc être exigé pour des "intérêts" (gratitude, reconnaissance, amour ...) ... Et ainsi de suite.

Eduquer, ce n'est pas apprivoiser, mais guider. Cela implique de savoir écouter, comprendre, dialoguer, clarifier, soutenir, négocier avec les enfants. Ni plus ni moins que ce que nous prétendons (soi-disant) chez les adultes

P et M. - À l'heure actuelle, il est difficile d'éduquer nos enfants contre le manque de soutien social et l'excès de responsabilités en dehors du foyer, bien qu'il semble en revanche que nous soyons plus conscients que les enfants sont des personnes avec des droits que nous devons tous le respect.

Pourriez-vous nous dire quels ingrédients devraient faire partie d'une relation filiale en bonne santé?

J.L.C.- Je pense qu'il y a deux exigences fondamentales: le respect et l'empathie. Tous deux impliquent de prendre au sérieux et d’adapter les sentiments, les besoins et les particularités de chaque enfant et se limitent à les "accompagner" avec attention et affection, sans les submerger de charges excessives et d’intérêts des autres. Eduquer, ce n'est pas apprivoiser, mais guider. Cela implique de savoir écouter, comprendre, dialoguer, clarifier, soutenir, négocier avec les enfants. Ni plus ni moins que ce que nous prétendons (soi-disant) chez les adultes.

P et M.- Qu'est-ce que la violence psychologique ou émotionnelle envers les enfants?

J.L.C.- En niant tout ce qui précède et, par conséquent, en créant des sentiments d'insécurité, d'impuissance, d'humiliation, de peur, de culpabilité, de honte, de tristesse, d'impuissance, de colère, de solitude… une douleur inutile, en un mot.

P et M. - Quelles conséquences peut avoir cet abus (ou comment il peut interférer avec son développement) lorsque l'enfant devient un adolescent, puis un adulte?

J.L.C.- Les sentiments et les conflits mentionnés ci-dessus sont marqués dans la personnalité, dans les relations avec le monde et sont ce qui détermine les "symptômes" et les "désordres" psychologiques qui font souffrir tant de gens. Troubles allant de l'inadaptation ou des phobies à la dépression ou aux dépendances, en passant par l'échec scolaire, le TDAH, la violence domestique, l'individualisme abusif, etc.

Il est nécessaire de prendre en compte les enfants, de les sensibiliser, de les écouter avec autant de respect et de dignité que les adultes. Il s’agit de satisfaire leurs besoins essentiels et, à mesure qu’ils grandissent, tiennent toujours compte de leurs particularités individuelles, de leurs désirs, de leur désir d’autonomie, de leurs pensées, de leurs problèmes familiaux et scolaires, etc., toujours dans le respect des directives familiales nécessaires et sociale

P et M. - Nous avons vu sur votre site Web des références à Alice Miller, est-ce aussi une influence sur votre approche psychothérapeutique? Serait-il possible d'extraire de son travail des idées applicables aux pères et aux mères qui élèvent et éduquent nos enfants aujourd'hui?

J.L.C.- Absolument. Je pense que l'idée fondamentale d'Alice Miller est que, si nous n'avons pas le moins clair possible et "surmonté" (si possible) nos problèmes avec nos propres parents (et notre enfance en général), il est extrêmement difficile d'élever des enfants sainement, car nous allons retourner ils sont toutes les erreurs et les abus qui ont été commis avec nous. C'est la loi ancienne et inexorable que "tout ce qui est oublié revient."

En d'autres termes, pour bien élever, il faut se connaître le mieux possibleet cela implique une certaine tolérance à la douleur de notre enfance, c'est-à-dire à nos propres sentiments.

P et M.- Imaginons que nous voulions commencer à construire une société dans laquelle les droits des enfants sont respectés, par où commencer?

J.L.C.- Évidemment, en les prenant au sérieux, en les prenant en compte, en les sensibilisant, en les écoutant avec le même respect et la même dignité que les adultes. Il sera nécessaire de satisfaire leurs besoins fondamentaux (sécurité, affection, valorisation, etc.) et, au fur et à mesure de leur croissance, de toujours prendre en compte leurs particularités individuelles, leurs désirs, leur désir d'autonomie, leurs pensées, leurs problèmes intra-familiaux et scolaires, etc. toujours à l’intérieur, bien sûr, des directives familiales et sociales nécessaires. ("l'esclavage" des adultes concernant les "enfants divinisés" est un autre extrême à évitercar la surprotection ou l’absence de normes sont aussi des formes d’abus).

Mais, comme le dirait Alice Miller, ce qui précède ne sera possible que si, auparavant, des adultes décidaient de "rafraîchir" nos souvenirs d’enfance et d’accepter nos sentiments à ce sujet, condition inexcusable pour obtenir respect et empathie avec les enfants.

Après l'interview, je tiens à remercier sincèrement José Luis pour sa collaboration avec Peques y Más. Il nous a transmis son enthousiasme et sa vision positive (en plus d'être proche) de la résolution des problèmes psychologiques. Merci aussi de croire en l'enfant et d'avoir approché "son regard" et "l'enfant intérieur" que les adultes ont en nous.